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Domaine du Reichenberg
Le Blog

Histoire au 15ème siècle du château de Reichenberg

Revenons au début de ce siècle de misères ou les brigands font régner leurs lois et la population souffre. Les fortunes s’effondrent, les misères s’étalent, la faim et les épidémies de peste se succèdent. En 1435 le roi de France Charles VII s’est réconcilié avec le Duc de Bourgogne Philippe le Bon et bien que la guerre avec l’Angleterre batte son plein, beaucoup de mercenaires sont démobilisés.

Comme d’habitude ces hommes qui vivaient de la guerre n’ayant plus de solde ni d’occupations se livrent au brigandage. On les appelle « les écorcheurs » ou « les armagnacs » et vont faire régner la terreur dans toute l’Europe. Certains d’entre eux sont enrôlés par les seigneurs bandits. C’est ainsi qu’un comte de Salm associé avec les seigneurs de Bitche, de Lutzelstein et de Fleckenstein aussi brigands que lui se retrouvent aux abords de Bergheim attirés par la réputation d’opulence de la ville.

Une fois encore les remparts résistent et les bergheimois se défendent courageusement. Sortant de leurs murailles ils engagent le combat contre les assaillants. La lutte est acharnée et les deux clans comptent des pertes sensibles cependant les assaillants sont contraints de lever le siège et le sire de Fleckenstein meurt dans le combat.

Ce jour là le Reichenberg n’est pas défendu mais sa position et son accès difficile le sauvent encore une fois. Nous sommes en 1438 et l’année suivante il est encore épargné lorsqu’une nouvelle bande d’Armagnacs forte de seize mille hommes traverse l’Alsace mais n’ose pas s’attaquer à Bergheim. L’échec du comte de Salm est encore cuisant et le Reichenberg en profite.

Les Armagnacs sèment la terreur en Alsace

Puis arrive l’armée de Charles VII. Le roi de France a des soucis avec son fils le futur Louis XI qui intrigue pour essayer de s’emparer du trône de son père. En même temps le roi a signé une trêve avec les anglais et évidemment se trouve pour le moins encombré d’une armée de mercenaires désœuvrés.

L’occasion se présente et d’une pierre deux coups il envoie son armée à la tête de son fils qui a vingt ans à l’époque pour aller prêter main forte aux Habsbourg qui ne parviennent pas à mettre au pas les confédérés suisses. Les Habsbourg demandent un simple « coup de main » ; Charles VII leur envoi quatorze mille hommes dont plusieurs milliers de goujats, truands, soûlards et ribaudes à la tête du Dauphin. Ils arrivent aux portes de Bâle et écrasent sous le nombre une troupe de mille six cent confédérés qui sans reculer se font tuer jusqu’au dernier. Leur courage fait une telle impression au Dauphin qu’il signe sur le champs sans même consulter ni son père, ni les Habsbourg, un traité de « bonne intelligence et de bonne amitié » avec les confédérés suisses.

L’hiver approche, le dauphin décide de prendre ses quartiers d’hiver avec son armée dans quatorze villes alsaciennes et avec son arrogance habituelle il attend que les Habsbourg acceptent de bon cœur ce service étant entendu bien sur que les mercenaires seront logés et nourris gratis par les municipalités. L’alsace est de nouveau envahie par ces nouveaux armagnacs qui s’y livrent aux pires extorsions tortures et atrocités sur la population. Ils incendient les maisons, les villages et les châteaux.

A Ribeauvillé les Ribeaupierre parviennent à sauvegarder la ville et les environs. Bergheim et le Reichenberg en profitent. En fait, il y a quatorze ans auparavant, un seigneur de Ribeaupierre avait envoyé à Jeanne d’Arc un renfort de deux cent cavaliers pour chasser les Anglais. Les Ribeaupierre font valoir ce service au Roi de France qui enjoint son fils d’épargner les biens des Ribeaupierre. Celui-ci obéit et passe avec ses armagnacs à côté de Ribeauvillé, Bergheim et le Reichenberg sans y toucher.

Il s’arrête devant Dambach-la-Ville qui résiste et espère être secourue. Le renfort n’arrive pas, beaucoup d’Armagnacs sont tués et le Dauphin est blessé au genou. Devant le nombre Dambach-la-Ville capitule et la population est massacrée. Le Dauphin pour sa part profite de l’occasion de sa blessure pour abandonner l’armée de son père et rentre en France pour reprendre ses intrigues habituelles. D’ailleurs deux ans plus tard ils se révoltent ouvertement contre son père qui a refusé de lui confier le moindre rôle dans le gouvernement du pays.

Le Dauphin revenu dans ses foyers, les armagnacs n’ont plus de chef et mettent le pays à feu et à sang ; mais les alsaciens s’aperçoivent vite que ces bandits sans un minimum de discipline sont incapables de s’organiser. Leur tenir tête devient possible. C’est ainsi que le 1er janvier 1445 les gens de Bergheim aidés par quelques volontaires de Ribeauvillé et des villages voisins partent en expédition pour délivrer St Hippolyte dont les Armagnacs se sont emparés. L’expédition est un plein succès : les Armagnacs pris par surprise sont incapables de se défendre efficacement et sont impitoyablement massacrés et St’ Hippolyte est libéré.

Enfin le roi de France est prévenu que l’Empire va déclarer la guerre aux Armagnacs pour donner fin à cette plaie qu’on ne peu plus supporter. Charles VII se rend compte que ses brigands sont issus des restes de son armée et que l’Europe souffre depuis bientôt cinquante ans des pillages sans limites de ces armées démobilisées. Le roi décide de rapatrier ces Armagnacs en en 1445 ils ont quitté l’Alsace. Une nouvelle période de relative tranquillité s’engage.

Hermann Waldner de Freudstein reçoit le Bas-Reichenberg en récompense pour services rendus

Pour le Reichenberg une nouvelle épisode se dessine : les Habsbourg comme à leur habitude cherchent de l’argent : Sigismond qui comme son père aurait pu s’appeler « le duc à la bourse vide » donne en gage pour 50000 florins au Duc de Bourgogne – Charles le Téméraire- la totalité des propriétés Alsaciennes des Habsbourg. Et le bas Reichenberg en ruine fait partie du gage.

Le bailli bourguignon est si brutal et ses exactions si cruelles qu’à Brisach, un tribunal d’occasion l’emprisonne et le condamne à mort ; on lui coupe la tête ; Charles le Téméraire occupé par ses guerres n’a pas le loisir de venger son bailli et en tout état de cause il est assassiné à Nancy le 4 janvier 1477. Les Habsbourg profitent de l’occasion pour reprendre leur gage et donnent en fief le bas Reichenberg à Hermann Waldner de Freudstein en récompense de services rendus : il avait pris au nom et pour le compte de l’Empereur le gouvernement de la Haute Alsace à la mort du bailli bourguignon. On peut lire dans l’église des Dominicains de Guebwiller l’épitaphe de ce Waldner qui y fut enterré en 1484.

Le bas Reichenberg ne l’intéresse pas puisqu’il est en ruine et qu’il est propriétaire d’autres châteaux dont celui de Soultz ; Par contre les terres qui dépendent du château ont assez de valeur pour que les Waldner les conservent jusqu’au XVIIème siècle, au moment de la guerre de 30 ans.

Pour la partie supérieure du Reichenberg les Hattstatt sont toujours en place bien que la lignée des damoiseaux de Bergheim se soit éteinte et que la branche des Hattstatt de Herlisheim leur ait succédée. Ils n’y résident plus et seules des dépendances sont habitées, la forteresse est mal entretenue et mal gardée.

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